Le raku, une technique
J’ai commencé à tourner en 94 sur un gros tour à pieds, de confection artisanale, pas très pratique, mais silencieux. Apprendre à tourner sans une réelle formation, avec juste un livre et les conseils de potiers (merci Pierre), c’est long et fastidieux. C’est dévalorisation et colère, mais un jour, on comprend ; et de loin en loin, ça finit par marcher. Des petites formes timides, la terre qui ne monte pas bien haut mais qui monte tout de même, des fonds trop épais… Petit à petit, la terre s’élève. Il m’a fallu 3 ans pour tourner correctement et ressentir la magie des gestes.
Je dois dire que maintenant c’est passionnant, ludique.
En 98, avec l’aide de quelques amis, j’ai fabriqué un four à flamme inversée en briques et torchis, pour la technique du raku. Ce four fonctionne au bois. Jusqu’alors, je cuisais mes pièces dans un four électrique, un four à faïence acheté d’occasion dans une maison pour tous, et donc, ma première production était de la faïence tournée et décorée main. Un ami potier, Jacquy Chaigneau, m’avait montré la base de cette technique. Mais voilà, je m’ennuyais, je ressentais le besoin d’explorer d’autres horizons.
Les cuissons raku
Le raku est une technique de cuisson rapide.
Pour explication : les pièces sont tournées, séchées puis cuites une première fois à environ 1000° ; c’est la cuisson de la terre. Ensuite vient l’apparence et donc la cuisson de l’émail. Pratiquement, après émaillage et séchage de la pièce, on enfourne le ou les objets dans le four et on monte la température assez rapidement en engouffrant du bois dans l’alandier. Aux alentours de 1000° , on ouvre la porte du four et, bien sûr, avec des pinces et des gants, on sort les pièces incandescentes pour les plonger dans un bain de sciure, de copeaux ou de journaux, de paille… ce qui a pour effet de 1) faire tréssailler l’émail, 2) enfumer et carboniser les parties non émaillées. Au cours du temps j’ai appris à confectionner mes émaux.
Pour finir, il faut laver l’objet qui est recouvert de carbone et le rincer à l’eau. C’est à ce moment là que l’on pressent si la pièce est réussie ou ratée, s’il s’en dégage une émotion ou bien si rien ne se passe.
Selon la composition de l’émail, les « tressaillages » seront différents, mais il faut compter aussi avec la température du four, la rapidité de chauffe et de défournement, les combustibles utilisés pour la carbonisation.
Réparé plusieurs fois au fil des ans, ce four qui se trouve à l’extérieur et qui brave non seulement les températures mais aussi les pluies et le gel, fonctionne toujours.